Sans queue ni tête.
Je savais déjà être capable de laisser mes doigts raconter des histoires. Les laisser faire au gré de leurs envies pour pondre n'importe quoi, ou peu s'en faut. En essayant de réfléchir, je ne faisais que les brider. Hier soir, j'ai tenté de faire la même chose mais en laissant cette fois ma langue s'agiter, en la laissant faire vibrer l'air, portée par le vent et les idées instantanées. Au bout d'environ 30 min je décidais de m'arréter. A quoi bon prendre des cours d'improvisation théâtrale ? L'important est d'avoir face à soi un auditoire motivant.
En ce qui concerne l'auditoire, on pourrait croire que n'importe qui puisse faire l'affaire. Une paire d'oreille ressemble à une autre. Et curieusement, ce n'est pas le cas. Il y a des personnes avec qui cela marche et d'autres pour lesquelles non. La tournure que prend le monologue, les genre des saillies varie également grandement, pas seulement le flux. Les routines sur lesquelles on revient ne sont pas les mêmes. Certains vont provoquer des reflexions culturelles et d'autres un étalage de vannes. Parfois, on aura du mal à s'élever au-dessus de la ceinture. Et de temps en temps, grace à certaines personnes, on sera mené plus facilement vers des champs plus ou moins féconds qu'on pensait au-delà de sa capacité imaginative.
Mais quand l'auditoire est rentré chez soi, rideau. La pesanteur reprends le dessus. Les mains peuvent encore se mouvoir, court-circuitant le cerveau ou activant des sources d'énergie alternatives, alors que la langue est bloquée. Le plus simple est encore de se plonger dans l'imagination que d'autres ont eu. En clair, se plonger dans un livre, un film, une série, une musique. Devenir soi-même un auditoire, mais un auditoire insignifiant. Un auditoire qui n'a rien crée, pas même présent lorsque l'inspiration est venue. On profite, mais il est impossible de croire qu'on a participé en quoi que ce soit, on ne peut prétendre avoir stimulé le compositeur / scénariste par sa simple présence, son attention.
Heureusement que certains sont assez talentueux pour faire oublier même cette impression. J'oscille en ce moment entre les Cobras et les Bleach non sans délectation.
Pourquoi faut-il que l'oubli ait une fin ?