Enervement, discours apolitique
S'il y a bien une chose qui m'agace, c'est la manie qu'a une vaste partie de la population a avoir des reflexions (sans reflexion) bien pensantes, repiquees a droite et a gauche, sans arguments, sans faits, sans etayage. Ha, ma bonne dame, tout fout le camp, et vous avez vu cette situation, c'est horrible, ha ma foi, on avait pas ca avant.
Remarques d'autant plus venimeuses qu'on ne peut rien dire contre, car qui pourrait se prononcer pour la precarite, l'exclusion, la pollution, la misere? Et on se retrouve ensuite embarque dans un discours demago, que tout le monde applaudit publiquement. Entre autre parce que ca fait bien, c'est "in". Et on quand on l'entend, on ferme tout sens critique parce que quelqu'un qui dit "la pauvrete, c'est pas bien!", il ne peut avoir que raison. Il ne peut que proposer des choses constructives et bien pour la societe. Et tout ce qu'il cite, il ne peut que dire la verite, et ce qu'il decrit, c'est la realite, rien que la realite.
Je deteste ce vieux fond judeo-chretien qui nous touche tous, meme ceux qui se disent athees, et nous pousse a nous flageller pour tout ce qui va mal, car c'est de notre faute quelque part. Fond judeo-chretien bien implante qui nous ouvre a des discours pseudo altruistes et humanistes qui ne font que caresser cette impression de culpabilite. Ho, oui, c'est de notre faute si ca va mal, oh oui, continue comme ca, oui, je me repens, je vais faire que les choses vont aller mieux, je vais agir!
On fustige avec raison le populisme, demagogie "de droite". Mais personne ne dit jamais rien contre les demagos "de gauche", presentes souvent comme des heros, defenseurs du peuple. Et ces "heros", grace a leur aura et a ce capital confiance, batis sur du vent, peuvent ensuite influencer facilement ceux qui ne savent pas vraiment. Ceux qui ne s'interessent que de loin. Qui n'ont pas le temps, pas l'envie, pas les moyens de se plonger dans l'examen des faits, des causes et consequences par eux-meme. Mais qui ont confusement conscience que quelque chose ne va pas. Et qui font donc confiance a ceux qui paraissent se battre pour l'egalite et la justice.
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Je pleure. Je pleure la mort du sens critique. Je pleure la mort de la reflexion. Je pleure la mort de l'esprit des Lumieres. Je pleure la decadence de la democratie, si tant est qu'elle ait jamais eu une apogee.