Reveries d'un cycliste solitaire
Hier soir, aprés une soirée qui a bien roquènerollé (à lire à haute voix), je rentrais chez moi. Apres quelques correspondances entre U et S-Bahn, je retrouvais mon fidèle destrier à 2 roues, vaillant malgré son absence de lumière (on m'a devissé mon phare il y a qq jours. Dévissé, pas seulement pris la lampe, le support également a été embarqué) et son bruit de casserole (les gardes-boue ne tiennent plus tres bien et bringuebalent dans un magnifique concert de ferraille à chaque irégularité de la route)
Seul dans le noir, je m'avancais dans ma banlieue berlinoise semi-campagnarde (et, parait-il, repère de neo-nazis bien que je n'en ai jamais croisé). Dans les tenèbres et le calme, hormis les gemissement pitoyable de ma monture, un chemin bordé et couvert par les arbres formait un tunnel dans lequel luisait la faiblarde lumière jaune de quelques réverbères distants les uns des autres. Pas une voiture, pas un passant, pas une de ces saloperies semi-liquides arrogantes nommées "chats".
Et j'avancais dans le tunnel, glissant sans trop d'effort, heureux de jouir de nouveau de mon genou et de mon tricycle infirme (on lui a amputé une roue, il ne lui en reste plus que 2). Et je m'imaginais dans un film.
Ca ne vous arrive jamais de vous dire "ce que je vois là en ce moment, ca pourrait figurer dans un film" ? Oui, dans un film autre qu'un porno, je me permet de préciser. Ces instants là sont précieux, car ils donnent envie de les partager. Et pourtant, on ne les savoure vraiment que quand on est seul, qu'on a pas à se préoccupper d'une autre présence-boulet jamais à meme de saisir ces instant avec la meme acuité que soi.