Berlin, 37e : Nationalismus und WM
Nationalisme et Coupe du Monde
Pour des raisons qui remontent à entre 60 et 70 ans, il n'est généralement pas trés populaire d'etre Allemand. J'avais déjà raconté comment je m'étais fait engueuler par un Canadien de plus de 80 ans sur internet quand il avait appris que j'étais en Allemagne (son navire avait été coulé par un U-boot pendant la guerre). Une Allemande (de mon age environ) (soit 20+qq années) m'avait raconté que lors d'un échange scolaire du temps du lycée, le premier geste de sa correspondante pour l'accueillir avait été de lever le bras droit et de crier "Heil!". A 15 ans, ca peut traumatiser. Et plus simplement, il suffit de voir le nombre de films ou de jeux vidéos où les Allemands sont les "méchants" alors que les Francais, Anglais, Américains ou Russes sont des gentils 100% pur blancs comme neige.
Une conséquence peu perceptible depuis l'extérieur en découle : de nombreux Allemands ont honte de leur nationalité. Se déclarer fier d'etre Allemand, c'est s'exposer à des critiques du genre "sale nazi" ou "fasciste", c'est faire parler de soi dans les journaux pendant un certain temps. Et pourtant, Dieu sait que les Allemands en ont fait suffisamment pour etre fier avant et aprés la période 1933-1945. Une campagne de pub, au mois de novembre-décembre 2005 tentait de jouer contre ce sentiment, en montrant des personnalités mondialement connues d'origine Allemande et en terminant par le slogan "Du bist Deutschland" (tu es l'Allemagne), campagne mal ressentie par certains.
Cet état de fait est d'autant plus dur à vivre quand ils voient leurs voisins affirmer sans complexe leur appartenance nationale, meme sans raison ou à contre-temps. Tous les pays ayant une histoire, des réalisations, une culture peuvent s'affirmer, mais pas eux. Et cela pèse sur les petits-enfants et arrières petit-enfants, qui ne sont en rien responsables des actes de leurs grands-parents.
C'est pour ca que la profusion extraordinaire de drapeaux germaniques ne m'etonne pas vraiment, accrochés aux fenetres, aux voitures, portés en bracelets, ceinture, maquillage, perruques à l'occasion de cette 18e coupe du monde. Il y en a autant à chaque coin de rue qu'en France aprés la finale de 98. Il y a là enfin une occasion de crier au monde sa fierté d'appartenir à un peuple sans que ce cri ne soit mal interprété, sans qu'il ne puisse etre réutilisé à des fins politiques. 30 ans aprés la coupe du monde de 1974, dans un pays enfin réunifié et maintenant que les horreurs passées font pour la plupart partie de l'histoire et non du vécu, ils fetent, ils savourent.
Maintenant que la France est (presque) éliminée et qu'on va arréter de nous casser les roubignolles avec un certain footballeur qui portait le monde sur ses épaules, je sais quelle équipe je vais soutenir.